Le temps de ses deux premiers épisodes, Bargain offre au spectateur l’impression d’être ligoté à un boulet de canon tiré à l’aveugle, dans le noir. Quand l’overdose de séries de ces dix dernières années a conduit à l’émergence de mécaniques d’écriture assez transparentes, la mini-série de Seung-min Byun pour le streamer coréen Tving laisse complètement paumé, comme trahi en permanence par un show qui refuserait obstinément de révéler sa véritable identité et ses intentions. Il faudrait commencer par dire quelque chose de la forme de cette minisérie. Tournée à la manière d’un interminable plan-séquence, Bargain ne cherche pas là à épater la galerie par une performance technique, mais plutôt à donner le tournis. Placé dans la position d’un protagoniste invisible, le spectateur est installé aux premières loges d’une série d’événements dont il ne comprend pas la teneur. Au cœur du chaos. La sensation de malaise, de vertige s’en trouve décuplée, et c’est ce qui rend la première moitié de la série absolument sidérante.
Ambiance lourde
La chose débute dans le calme feutré d’une chambre d’hôtel. Une jeune femme, tout juste majeure, accueille un homme d’une quarantaine d’années dans une piaule avec vue. Par la fenêtre de ce qui semble être un cinquième ou sixième étage, on distingue la campagne, un fleuve. On est loin de Séoul, de la ville, de tout. L’homme est un client, et il instaure rapidement un rapport de force inquiétant. Il veut s’assurer que la fille en uniforme de lycéenne est