Sexe, genre, nuance, Chair tendre va faire saigner du nez les réacs qui ont déjà dans le pif la progressiste France TV Slash, plateforme numérique du service publique à destination des jeunes adultes, accusée de soutenir la machiavélique offensive woke avec l’argent du contribuable. Pour les autres, ceux qui sont curieux de prendre des nouvelles des vivants, ce drame adolescent réalisé par Yaël Langmann et Jérémy Mainguy s’offrira comme une des plus belles séries françaises de ces dernières années. Une œuvre débordante d’énergie, de vulgarité, d’amour, de pudeur, de rage, d’euphorie, de complicité, de solitude et d’une douleur propre à consumer l’âme. Une série «à sujet», à fleur de peau, où l’on pleure à flots, qui se conclut sur une affirmation : «Je suis ni fille ni garçon. Je suis un peu des deux. Je n’ai pas décidé.»
Interview
Plaies encore béantes
Sasha est intersexe. Un mot que la série met un peu de temps à poser sur la table, préférant laisser les choses décanter sobrement. Avant ce «je n’ai pas décidé», on entre dans Chair tendre par un autre choix. «Moi, c’est Sasha, je suis une fille − non, sans dec, on pensait que t’étais un cheval − avec deux bras, deux jambes, un nez, une bouche. On a déménagé ici parce que mon père est recherché par le FBI.» Déclaration qui pose un ton et un genre : comédie teen provoc, donc, et côté fille. Nouvelle région (les Landes), nouveau bahut : Sasha et sa famille sont partis précipitamment, en milieu d’année scolaire, pour mettre d