Une douteuse inversion s’est opérée dernièrement dans les échelles de noblesse de la fiction criminelle. Tandis qu’on placardise les polars à flics cernés et métropoles crapoteuses dans les tréfonds de la télé linéaire (qui a regardé un épisode de NCIS depuis moins de dix ans ?), voilà que des whodunit pour mémères (Only Murders in the Building, The Afterparty…) se trouvent auréolés de castings rutilants et de reconnaissances de prestige, avec la faveur notable des plateformes. Il fut un temps où l’on somnolait devant un murder mystery l’après-midi sur une chaîne du câble en trépignant d’impatience pour une série néo-noir en prime time, et non l’inverse.
Les nostalgiques de cette répartition des valeurs ont le mois de janvier pour retrouver leurs marques, avec le retour de True Detective, et dès avant ce feuilleton britannique certes un peu trop programmatique pour pleinement convaincre, mais tout de même assez dense pour ne pas mériter l’effacement pur et simple par son concurrent américain. June Lenker (Cush Jumbo, bloc de nervosité subtilement contenue, aperçue dans The Good Wife et confirmée dans sa série dérivée The Good Fight), inspectrice de police, reçoit l’appel anonyme d’une femme battue, qui se dit sous l’emprise de l’auteur d’un meurtre impuni, dont un présumé coupable croupirait en prison depuis dix ans. Rouvrant le dossier, elle se heurte rapidement à l’enquêteur de l’époque (Peter Capaldi, captivant mollusque filiforme