Le drame des faux idiots est de ne pouvoir vraiment réussir leur tour qu’une seule fois. La fracassante révélation de Jean-Pascal Zadi devant et derrière la caméra de Tout simplement noir fut à plusieurs égards un coup. Coup de bluff (l’inconnu au bataillon signant chez Gaumont en prétendant avoir déjà recruté la moitié du starsystem français – en réalité personne n’avait encore dit oui), de théâtre, de com, de maître, sans doute un peu tout cela à la fois. En tout cas une entrée par effraction, permise, outre par son génie d’écriture, en grande partie par le contraste savamment ménagé entre l’intelligence secrète des situations et les attitudes ahuries du personnage, confondu avec son créateur, plein comme lui de fausses manies de benêt bienheureux camouflant des articulations politiques furieusement conséquentes – voir et revoir la scène du casting avec Mathieu Kassovitz, sommet encore inégalé chez nous de comédie politique cringe.

Zadi aimerait sûrement qu’on continue de le sous-estimer, afin qu’il puisse continuer de jouir de sa position de candide voltairien. C’est toutefois un petit peu plus compliqué.