«Mes très chers concitoyens, il fut un temps où j’étais angoissée, léthargique, écrasée par le poids de la vie moderne. C’était avant que je ne libère le pouvoir ancestral de la patate. Aujourd’hui, les facultés curatives de la vapeur de pomme de terre me rendent plus forte, plus équilibrée et heureuse que jamais.» Tandis que résonne l’absurde adresse officielle de la chancelière Vernham, la caméra navigue avec gravité entre les paniers de tubercules disposés à travers les allées marbrées du palais qu’elle dirige d’une main de fer. The Regime scrute le règne d’un tyran cyclothymique incarné par Kate Winslet à la tête d’un pays imaginaire d’Europe de l’Est, probablement au nord de la Syldavie. Une satire qui parvient en quelques minutes à restituer ce mélange d’effarement catastrophé et d’hilarité inquiète que peuvent provoquer Trump, Poutine ou Kim Jong-un.
Hypocondrie et paranoïa
En soulignant les caprices de diva et l’inconstance d’une cheffe d’Etat qui définit sa diplomatie à coups de tweets, The Regime se sert du ridicule comme d’un appât. On s’amuse des formalités de cet Absurdistan, de la suprême inutilité du parterre d’oligarques qui flattent cette grande leader qu’un loufiat en charge du contrôle du taux d’humidité suit partout pour prévenir toute invasion fongique. Puis il apparaît que ces manies farfelues témoignent d’un désordre profond, l’hypocondrie se mêlant à de graves troubles paranoïaques. Plutôt que l’humour, c’est la peur qui façonne The Regime. A la te