«Il est pas plein», beugle Fitoussi, dit «la Fitouss’», à son complice et ami d’enfance, Bouli. Dans une main, un sac en plastique dégueulasse, dans l’autre, des liasses de 100 euros comme des paquets de papier journal. Les deux sont dans le fond du jardin d’une tata en Israël, débordés par les fruits de l’arnaque incroyablement ingénieuse qu’ils ont mise en branle avec l’aide d’une âme errante de la finance, Jérôme Attias. Des fruits en quantité industrielle, comme s’il en pleuvait, qu’on enterre entre deux plants de potager – et cette scène burlesque est parmi les meilleures de la première moitié de D’argent et de sang, adaptation romancée (les noms ont été changés) de l’enquête au long cours du journaliste de Mediapart Fabrice Arfi sur l’affaire de la fraude à la TVA sur les quotas de carbone qui a déjà fait l’objet d’un film policier (Carbone d’Olivier Marchal) et d’un documentaire (les Rois de l’arnaque de Guillaume Nicloux). En marge du thriller, du burlesque, donc, qui ressemble au saugrenu de la vie, car il y a peu de choses si drôles chez l’humain que la naïveté et la stupidité.
Sérieuse à mort
Las, si Ramzy Bedia est très bon dans le rôle de Fitoussi, copie carbone du loulou Mardoché