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Libération
Critique

La série «Directrice», du très grand Oh

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Sandra Oh, extraordinaire en cheffe du département de littérature d’une fac de la côte Est, donne à cette fiction Netflix, trop brève, toute sa profondeur dans la description des rouages du pouvoir.
Ji-yoon Kim ­(Sandra Oh) dans «Directrice» d’Amanda Peet et Annie Julia Wyman. (Eliza Morse/NETFLIX)
publié le 17 septembre 2021 à 18h21

L’arrivée au pouvoir de populations qui en avait jusque-là été écartées (osons : qui n’étaient pas des hommes blancs) est généralement concomitante – incroyable hasard ! – d’un effritement dudit pouvoir, tant il est vrai qu’on cède plus facilement ce qui est un peu usé. Ji-yoon Kim (merveilleuse Sandra Oh), nouvelle cheffe du département de littérature d’une fac fictive de la côte Est des Etats-Unis dans la série Directrice, est la première femme et première non-blanche à accéder à ce poste, et prend rapidement conscience du marché de dupe : «J’arrive à la fête et tout le monde est déjà parti.» Gonflée à bloc de bonnes intentions, vite obligée à d’innombrables compromis, cette force œuvrant pour le changement se retrouve rattrapée par l’exercice du pouvoir (toute ressemblance avec des personnalités du monde politique, etc.).

C’est ce périlleux numéro d’équilibriste, qui tente de réconcilier des factions trop opposées pour s’entendre ou lui prêter la moindre attention (la fac, cet univers où les guerres sont rudes car les enjeux sont minuscules, dit une vieille blague de campus nord-américain), ses tentatives de faire souffler un vent nouveau alors