La première image est celle d’une femme propulsée en arrière par un uppercut, uppercut asséné par une mère de famille dans une salle des fêtes transformée en cage de MMA. Au ralenti, c’est toute une communauté qui s’empoigne et ne fait plus corps que par la similarité des gestes unanimement partagés : cheveux tirés, cols arrachés, crochets à l’estomac. «Personne ne m’écoute !!!» hurle un moustachu en agrippant une mère qui tente d’exfiltrer sa fille, pendant qu’à la tribune, on annonce que la réunion parents-profs du collège est ajournée. Série fondée sur l’esprit «Minnesota Nice», expression désignant une personne agressivement sympathique développant une aversion quasi maladive au conflit, Fargo ouvre sa cinquième saison sur une Amérique des petites villes à feu et à sang, où le dialogue est définitivement rompu. Le tableau est posé de façon grotesque : cette saison (sans lien avec les précédentes, puisque la série inspirée du film des frères Coen est une anthologie) est affaire de réalités alternatives et de violence (systématiquement dirigée contre les femmes).
La violence, donc. Puisque c’est par elle que le récit s’installe. Fraîchement libérée de prison après avoir tasé un policier à la salle des fêtes, Dorothy Lyon retrouve sa vie de femme au foyer. Pancakes au petit-déjeuner, puis crochet devant la télé. Le moment où deux hommes cagoulés surgissent chez elle. Un début d’incendie et un coup de patins à glace plus tard, et la voilà ligotée à l’arrière d’u