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Libération
On fait le bilan

Festival Séries Mania 2022: le monde de près

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A l’heure de digérer le pléthorique festin offert par la manifestation lilloise, domine un sentiment presque vertigineux d’une création fiévreuse dans la forme et pessimiste dans ses récits. Un instantané contemporain diffracté entre violence et renaissance.
La bande de «Chair tendre», remarquable comédie sur une ado intersexe. (JericoTV)
publié le 24 mars 2022 à 17h55

On connaît la réactivité exceptionnelle de la série face à l’actualité, permise par son industrie et embrassée, souvent, par ceux qui la font. Séries Mania en a fait la devise de cette édition 2022, organisée six mois seulement après celle de 2021 : «Les séries regardent le monde.» Souci, si l’on peut dire, le monde a brutalement glissé – de nouveau – avec la guerre en Ukraine, qui, sans rendre obsolète aucune histoire de la myriade qui ont commencé à se raconter dans la trentaine de séries choisies dans les quatre sélections (compétition internationale, panorama international, compétition française et compétition formats courts), nous place dans un étrange décalage par rapport à elles. La productrice ukrainienne Julia Sinkevych, invitée in extremis par la directrice Laurence Herszberg à la tête du jury international, le concédait elle-même à Libé au premier jour du festival, elle qui a quitté la guerre et qui y retournera dès qu’il sera terminé, et se sent à Lille comme dédoublée : cette édition est surréelle.

Mais par un miracle qui n’appartient qu’aux créateurs, beaucoup des récits aperçus traitent moins d’un présent annulé par la scission opérée par l’actualité entre monde d’avant et monde d’après – à l’instar de la pandémie, dont on voit toujours aussi peu dans les