On connaît la réactivité exceptionnelle de la série face à l’actualité, permise par son industrie et embrassée, souvent, par ceux qui la font. Séries Mania en a fait la devise de cette édition 2022, organisée six mois seulement après celle de 2021 : «Les séries regardent le monde.» Souci, si l’on peut dire, le monde a brutalement glissé – de nouveau – avec la guerre en Ukraine, qui, sans rendre obsolète aucune histoire de la myriade qui ont commencé à se raconter dans la trentaine de séries choisies dans les quatre sélections (compétition internationale, panorama international, compétition française et compétition formats courts), nous place dans un étrange décalage par rapport à elles. La productrice ukrainienne Julia Sinkevych, invitée in extremis par la directrice Laurence Herszberg à la tête du jury international, le concédait elle-même à Libé au premier jour du festival, elle qui a quitté la guerre et qui y retournera dès qu’il sera terminé, et se sent à Lille comme dédoublée : cette édition est surréelle.
Lutte
Mais par un miracle qui n’appartient qu’aux créateurs, beaucoup des récits aperçus traitent moins d’un présent annulé par la scission opérée par l’actualité entre monde d’avant et monde d’après – à l’instar de la pandémie, dont on voit toujours aussi peu dans les