Au début du quatrième épisode d’Etty surgit une image saisissante. Des vélos réquisitionnés par les SS s’entassent par milliers dans une décharge à ciel ouvert, parce qu’ils appartiennent à des Juifs. Une évocation des piles de vêtements, assiettes et cheveux dans Nuit et Brouillard. Sauf que nous sommes à Amsterdam, à l’époque contemporaine, et que le récit embrasse les dernières années de la vie de Etty Hillesum, morte à Auschwitz en 1943. Hagai Levi, auteur-réalisateur de cette ambitieuse production Arte présentée lors d’une Mostra hyper politisée, insiste sur le fait que son récit n’est «pas une fiction historique sur l’Holocauste, mais presque une dystopie». Où l’Israélien connu pour les versions originales d’En thérapie ou The Affair, pose la question trop actuelle d’un retour du poison fasciste. En cherchant une forme collée aux basques du chaos, qui permettrait d’y voir plus clair.
Etty Hillesum est un cas. Intellectuelle juive mystique fascinée par la Bible – mais qui ne s’est jamais convertie au catholicisme –, elle a vu ses journaux et lettres rédigés à partir de 1941 publiés longtemps après sa mort, survenue en déportation volontaire. Alors âgée de 29 ans, elle a refusé d’être protégée en tant qu’employée du Conseil juif, souhaitant partager le sort de ses congénères persécutés. Etty a été la proche collaboratrice et l’amante du psychanalyste berlinois exilé Julius Spier, aux méthodes fondées sur la lecture des lignes de la main,