Avant d’être un quelconque événement esthétique, In Her Car est, il faut bien le dire, un ébouriffant cas industriel, de nature à perturber le repos éternel de Guy Debord : une ambitieuse coproduction internationale tournée en pleine guerre en Ukraine, sous couvre-feu et avec ambulance. Et qui marque moins pour elle-même que pour les conditions réunies de sa conception et de sa diffusion – barnum audiovisuel bringuebalant sous les bombes russes, concoctant entre deux check-points un mélodrame d’immersion apte à étancher la soif d’infotainment lacrymogène dans les foyers en paix des cousins atlantistes, pour la célébration anniversaire des deux ans du conflit.
On lui excusera donc sa manière de soap à gros sabots, aussi outré dans le grotesque – dès le premier épisode, un époux adultérin est surpris en slip par tous les convives de son propre mariage, photographe inclus – que le tragique – l’intrigue transversale de l’héroïne, chargeant un peu la barque entre divorce, complot et deuil familial –, volontarisme indissociable de l’urgence de sa fabrication, et qui n’entame en rien ce qui se joue là. A savoir une vue en coupe de la société ukrainienne, saisie dans le flash photographique de l’entrée en guerre (plus rien ne bouge, tout le monde est sidéré), et qui va s’inventorier dans le huis clos d’un cabinet itinérant : la voiture de Lydia (Anastasia K