Il faut imaginer six grandes ados en robes longues en tartan qui entament une ronde autour de la Vierge dans un clip de dance catho kitsch. Sous une pluie de chorés maladroites, de détourages à la truelle et d’effets spéciaux cheap, les Stella Maris chantent l’amour de Dieu et appellent les âmes égarées à se rapprocher d’elles. «C’est un mélange des Spice Girls, de Jordy, de Marilyn Manson et S Club 7», ricane un présentateur de talk-show qui se régale de la sensation internet du moment. Devant la télé d’un bar d’hôtel bondé du massif de Montserrat, en Catalogne, la salle est hilare. Seul un homme ne rit pas. Il a le menton carré, le visage anguleux et le souffle court. Prostré, il se pisse dessus. Il s’appelle Enric. La Mesías est son histoire, comme celle de sa sœur Irene. Deux adultes chez qui cette minuscule vidéo réveille une faille, agitation tectonique qui fait remonter ce qui devait rester enfoui. Montserrat, en plus d’être une montagne et un haut lieu de spiritualité où les chrétiens se mêlent aux ufologues, c’est aussi le nom de la mère d’Enric et d’Irene. Figure immense et magnétique qui rejaillit dans leur vie.
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«La Mesías» sur Arte, une famille fort minable et une série formidable
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«La Mesías» s’installe sur un point d’équilibre entre la farce kitsch d’un girls band millénariste et l’explosion de l’intime. ( Carla Oset)
par Marius Chapuis
publié le 15 novembre 2024 à 16h30
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