Voici donc la sixième et dernière saison de The Handmaid’s Tale, soit environ la quatrième de trop, l’adaptation à proprement parler de la Servante écarlate de Margaret Atwood ayant été soldée dès la fin de la première. Depuis lors, la série de Bruce Miller s’est chargée non plus de décrire la vie dans le bocal de la théocratie autoritaire, mais d’égrener les péripéties d’une résistance extérieure. C’est certes son bon droit, poliment reconnu par Atwood, autrice par ailleurs d’une suite alternative (les Testaments, 2019) où certains virent une forme de dissidence sourde aux choix de la série (elle s’en défend). Mais c’est dans tous les cas une manière de rentrer dans le rang : aux visions glaçantes d’un totalitarisme christiano-sexuel se sont substitués les réflexes de l’économie téloche – un tunnel infini de guet-apens, de cavales, d’échauffourées et de conciliabules de part et d’autre de la frontière séparant le Canada de Gilead, le régime extrémiste ayant remplacé les Etats-Unis.
Miroir des absurdités contemporaines
Cinq saisons que ça dure, et que June (Elisabeth Moss) a muté en une espèce de Jean Moulin increvable, courant après sa fille kidnappée et acculturée par les culs-bénits, toujours à ça de la récupérer mais seulement presque, surfant aussi bien sur la brèche de la résistance que sur celle de ses sentiments ambivalents à l’égard de son mari retrouvé (O. T. Fag