Tout, ou presque, commence par un billet de 20 francs pour acheter un morceau de lino. Par ces tout petits détails, ces gestes microscopiques – poser une pièce de monnaie sur la tête de lecture d’une platine afin que le vinyle ne saute pas pendant le mix – pour brosser l’un des mouvements les plus importants de la culture populaire des quarante dernières années : la naissance du hip-hop.
Bruno et Didier viennent de Seine-Saint-Denis. Ils arrivent au Trocadéro, ballon de foot sous le bras, pour taper quelques balles et éventuellement aussi quelques portefeuilles dans les poches des touristes. Mais, comme quelqu’un le rappera un peu plus tard dans la série, ce jour-là ils vont surtout «racketter l’espoir» : devant ces breakdancers qui s’affairent, le regard de Bruno va s’arrimer à celui de Didier pour ne plus le lâcher. De part et d’autre de la «piste de danse», ils se toisent comme un loup et un tigre, électrisés et pleins de défi. Le lendemain, Bruno emprunte 20 francs à son frère pour s’acheter un morceau de lino et commencer à s’entraîner. Didier le rejoint bientôt.
Daniel, quant à lui, chemine la nuit dan