Nathan Fielder a deux points communs avec Andy Kaufman. Le premier est leur dimension autistique – ce qui n’est pour lui pas un vain mot, sa série The Rehearsal ayant été vantée par des associations d’autistes y reconnaissant leurs propres stratégies de survie sociale. Le second est leur côté génie du faux, voire méchant de James Bond. Comme l’humoriste disparu en 1984, aux canulars d’une telle envergure que quarante ans après sa mort certains en doutent encore, il a le goût des grandes machinations ridiculement complexes. Nathan for You (2013-2017), sa série (visible sur Apple TV +) parodiant les téléréalités de coaching entrepreneurial – dans chaque épisode, il relevait une entreprise en déroute grâce à des solutions aussi lunaires qu’étrangement cohérentes –, a très tôt articulé son rire absurde avec une multitude de coups d’éclat, tirant profit ici d’une faille du droit américain («Dumb Starbucks»), là d’une manipulation des réseaux sociaux («Petting Zoo»), pour attirer sur de petits commerces anonymes une audience nationale.

Emaillées de buzz insensés, les quatre saisons de Nathan for You ont construit la légende de Fielder dans le paysage comique américain en dépit de sérieux handicaps de surface. En 2010, alors qu’il se fraye timidement son chemin de scénariste à Los Angeles (notamment pour Demetri Martin), même le très malaisant Tim Heidecker s’étonne d’apprendre que cet homme sans qualités, rétif au rire et dépourvu de charme, ce qui sera justeme