Viendra un temps où l’on se penchera hilare, soulagé, peut-être nostalgique, sur les fictions du confinement où le monde d’avant est devenu le monde devant (l’écran). Staged offrira un bon cas d’école. Les barbes folles, la garde d’enfants, la tenue de ville réduite à un jogging et un peignoir, les apéros virtuels, les bugs de connexion et le «donjon du temps pixélisé» qu’est devenu Internet, tout y est. En son cœur, les acteurs Michael Sheen et David Tennant, devenus copains sur le tournage de la série Good Omens, jouent leur propre rôle – ou une version approximative d’eux-mêmes – dans une série d’épisodes filmés comme des conversations sur Zoom. On avait certes déjà eu des séries en visioconférence (Web Therapy de 2008 à 2014 avec Lisa Kudrow en psy sur Skype), mais Staged capture ce fait de civilisation où une grande partie de l’humanité a été réduite à l’état de hamster en cage tournant dans une roue. Ici, en plein arrêt des tournages et des spectacles, Sheen et Tenant se mettent en tête de répéter de chez eux une pièce de théâtre : pas En attendant Godot de Samuel Beckett, mais Six Personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello. Rappel transparent – et c’est l’une des premières images de la saison 1 – que l’humanité, au printemps 2020, a été vite en quête de papier toilette et de sens.
Sheen et Tennant sont eux à la recherche, fructueuse, du gag passif (l’apathie du confiné, son regard fuyant la caméra ou rivé s