Menu
Libération
Espoir

«Station Eleven», bien dans son post-apo

Article réservé aux abonnés
La très belle mini-série de Patrick Somerville, adaptée du roman d’Emily St. John Mandel, imagine un monde dévasté par une épidémie mais dépasse la tragédie grâce à un prisme profondément humaniste.
Aux survivants qui s’adaptent maladroitement à une frugalité forcée, «Station Eleven» oppose une force en culottes courtes révoltée par l'obsession passéiste des «pre-pan» (pour prépandémie). (Sy Fy)
publié le 13 octobre 2022 à 12h24

C’était quand même mieux avant. On ne parle pas ici du grand et rance «avant» façon Zemmour, juste d’un petit créneau situé entre la fin de la suprématie des chaînes de télévision et l’explosion incontrôlée du nombre de plateformes de streaming. D’une époque où la qualité et la clarté de l’offre légale suffisaient à faire reculer le piratage. En ce temps-là, l’amateur de productions HBO savait où diriger son regard pour trouver son compte. Des habitudes chamboulées par le lancement de HBO Max aux Etats-Unis, le nouvel acteur rendant le sceau de qualité HBO moins lisible et éparpillant ses productions à l’export quand elles ne s’abîment pas quelque part dans l’Atlantique. On craignait que la superbe mini-série Station Eleven, dont on était sans nouvelle depuis des mois, ne se perde ainsi en route, la voilà qui surgit là où on ne l’attendait pas : sur Syfy, entre deux redif de Charmed. Pas certain, donc, que cette superproduction comme le cinéma américain a tant de mal à en produire aujourd’hui trouve un écho à la mesure de ses qualités et ses ambitions. Mais elle est disponible, et c’est le plus important.

La première audace de ce récit post-apocalyptique, c’est qu’il ose penser contre le genre dans lequel il s’inscrit et préfère à l’esthétique de la ruine qui s’étale partout ailleurs (au cinéma, à la télé, en je