En 2022, Pachinko nous avait franchement ému par la grâce d’un bol de riz qu’une mère, coréenne préparait pour sa fille dans les années 30. Un torrent d’amour qui ressurgissait cinquante ans plus tard de façon proustienne lorsque Sunja, ladite fille devenue aïeule, y goûte à nouveau et est soudain submergée par les décennies d’épreuves des siens – les Baek, une famille de Coréens émigrés à Osaka. Saluée par la critique américaine mais un poil boudée par les trophées, ignorée au Japon à cause des questions qui fâchent (la colonisation nippone de la Corée occupe toute la saison 1), la série confirme avec cette deuxième saison qu’elle a le potentiel d’une grande, déployant avec goût sa puissance mélodramatique (adieux, retrouvailles, triangles amoureux et des silences, surtout), prouvant la pertinence de sa construction binaire, bissectant le roman-source linéaire de Min Jee Lee.
Pulsions autodestructrices
La trajectoire de Sunja, mère courage au lendemain de l’été 1945, y est mise en miroir avec celle de Solomon, son petit-fils tentant de se faire une place dans la haute finance tokyoïte à l’orée de la crise financière japonaise en 1990. La navette entre les époques a gagné en fluidité (certains personnages de la saison 1 semblaient avoir été rentrés et sortis de force au chausse-pied) et s’est délestée des afféteries très «cinéma de Sundance» posées derrière la cam