Sur un parking de centre commercial pérave des Etats-Unis, entre une onglerie, une clinique et une boutique de réparation de smartphones, Mo arrête un mec ventripotent. Pur produit texan : chapeau de cow-boy, ceinturon de la taille d’un nouveau-né, et une façon de mâcher les mots qu’on ne peut reproduire qu’avec un demi-kilo de Nutella entre les dents. Hypnotisé par ce gros nounours qui lui ouvre le coffre de sa Chevrolet comme s’il lui donnait accès à la caverne d’Ali Baba, le type se fait refourguer une paire de Crocs brandées Kanye West. Toute la saveur de cette impeccable démonstration de bagout tient à ce que le spectateur sait et que le client ignore. Ce que la tronche d’hispanique de Mo ne dit pas, c’est qu’il est musulman, palestinien et sans papiers. Pas exactement le profil idéal aux Etats-Unis… Partout, en fait.
In et out
Mo – la série autant que le personnage – maîtrise formidablement l’art du louvoiement. En huit petits épisodes, cette comédie amère n’en finit pas de bondir d’un monde à l’autre. Avec la même intensité, la série regarde Houston, ses quartiers, ses légendes locales, ses oliveraies comme ses malls, mais aussi cette communauté musulmane qui cherche à se faire oublier sans abandonner sa culture. L’interminable procédure de régularisation de la famille Najjar, centre de gravité du récit, est sans cesse rappelée. Par sa forme même, le rythme de ses scènes, Mo reflète son propos : qu’est-ce que ça fait d’être à la fois in et out, intégré et américain de fac