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«Tapie» sur Netflix, frasques and furious

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Naviguant de succès en déboires judiciaires, le biopic consacré à Bernard Tapie tient son cap romanesque. Et se révèle idéologiquement douteux dans son portrait de héros macroniste avant l’heure.

La série dresse le portrait d’une sorte de héros rusé qui parvient presque tout le temps à se dépêtrer. (Marie Genin/Netflix/Marie Genin/Netflix)
ParMarius Chapuis
Journaliste - Culture
Olivier Lamm
Publié le 06/09/2023 à 17h16, mis à jour le 13/09/2023 à 11h41

Dans Tapie, la première œuvre de fiction qui lui est consacrée, Bernard T. n’est que surface. Surface vibrante et pleine d’aspérités, de tics, apte au surgissement – Laurent Lafitte n’est pas un mauvais choix pour donner «vie» à «ça», c’est-à-dire Tapie le monstre médiatique sans fond et sans intériorité, homme de spectacle sur lequel il vient superposer, sans provoquer de douleur dans l’œil ni de grincement de mâchoire, sa propre image.

Pas tout à fait Nanar pour autant, sans quoi Tapie serait difficile à faire voir à l’international (Netflix produit et diffuse), mais un vrai spécimen de bonhomme de cire comme le biopic en a fait advenir à l’écran des dizaines, pur corps et parole mécanique, fantasme de fiction béhavioriste ultime, qu’on regarde se mouvoir, réagir, pérorer sans qu’aucune explication ne soit jamais proférée, par lui ni par les autres, sur ses choix discutables, aux yeux de la loi ou de la morale, mais aussi ses grosses conneries.

Idée judicieuse, donc, que de vendre aux spectateurs autour du monde Tapie comme un bout d’histoire de France, pittoresque à fond – Bernard l’homme du peuple, avec son parler titi et son bon sens poujado-libertaire, à la fois personnage et pièce de choix du décor, à côté d’un téléphone mural chez le garagiste, dont la voix s’harmonise avec un coup de klaxon de 4L.

Ni hagiographie, ni exécution sommaire

Et qui permet de contourner les bombes po