La première scène stupéfiante de We Own This City est observée depuis l’habitacle d’une voiture. En route vers son bureau, une avocate des droits civiques observe deux policiers blancs sur un homme noir plaqué au sol. Braqués sur eux, la marée de téléphones d’une foule vociférante. Intimidés, les agents relâchent l’individu qu’ils tentaient de menotter et lâchent : «Police yourself !» Tout à la fois «tenez-vous à carreau» et «faites-la vous-mêmes, la police». Scène emblématique de ce qui a le plus ostensiblement changé la décennie passée dans la répression policière aux Etats-Unis et l’équilibre des pouvoirs entre le peuple et les institutions : les vidéos qui témoignent des abus et des bavures ne sont plus l’exception, comme à l’époque de Rodney King, mais parties intégrantes d’un système d’intempérance et de défiance généralisées, qui semble de plus en plus inextricable –un cycle infernal au sens propre, dans lequel violences policières et criminalité fonctionnent main dans la main pour éroder la société. C’est tout l’enjeu de l’affaire Wayne Jenkins, au cœur de We Own This City, livre enquête de Justin Fenton, journaliste au Baltimore Sun, où officia autrefois
Série
«We Own This City» de David Simon, Baltimore dans l’âme
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Jon Bernthal, intense dans son interprétation de Wayne Jenkins, flic symbole des dérives policières américaines. (DR)
publié le 26 avril 2022 à 13h01
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