Scénariste et coréalisatrice de Chair tendre, Yaël Langmann nous parle de ce projet qu’elle portait depuis dix ans et qui est aussi une façon de se replonger dans sa propre adolescence.
Comment est née Chair tendre ?
Quand j’étais au lycée, j’ai rencontré quelqu’un qui a découvert être en situation d’intersexuation. Cette personne, qui avait 17 ans et avait été élevée garçon, ne s’était jamais vraiment posé la question de son identité sexuelle. A la suite de cette annonce, qui a été à l’époque présentée comme une maladie, elle a eu un effondrement identitaire d’une violence inouïe. J’ai vu quelqu’un d’extrêmement à l’aise dans ses baskets, extraverti, fêtard, se replier complètement sur lui-même et perdre tous ses repères. A cette époque, ça m’a énormément interrogée : comment un tout petit tour d’écrou peut nous labelliser et effondrer complètement notre rapport au monde. Cette histoire m’a poursuivie à tel point que c’est le premier projet que j’ai écrit en 2012, avant même de devenir officiellement scénariste. C’était alors un projet de long métrage, dont personne n’a voulu pendant de longues années, jusqu’à ce que je rencontre ma productrice Clara Laplace et qu’on trouve chez France TV Slash des interlocuteurs qui ont accueilli cette histoire avec enthousiasme, finalement sous la forme d’une série.
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Et comment expliquez-vous avoir pu trouver soudain une écoute sur ce projet après des années de rejet ?
Le monde a changé, clairement, et