Beaucoup ont découvert le travail de l’Américain né en France Zal Batmanglij, et de son binôme de longue date, la comédienne et scénariste Brit Marling, à la faveur de The OA. Une série hors-norme et exceptionnelle par sa forme et sa complexité, indissociable d’un âge d’or créatif révolu de Netflix, pourtant envisagée par ses deux créateurs comme la continuité de leur œuvre au cinéma (les longs métrages Sound of My Voice et The East) – soit du cinéma indépendant déployé sur 8 épisodes, mais du cinéma indépendant tout de même. Puisque le médium est le message, The OA a cependant percuté un public énorme (par dizaines de millions), et fait briller ses mystères et sa singularité très au-delà du public habituel de Sundance et cie, permettant à ses créateurs d’asseoir un statut de prodiges de la «long format story» (dénomination préférée par Batmanglij à celle de série de plateforme). Las, cette ascension éclair n’aura pas épargné le duo de la transformation massive de l’industrie d’eldorado créatif en usine à contenus impitoyable.
Après l’annulation brutale par Netflix de The OA à l’issue d’une deuxième saison déroutante et opulente, Marling et Batmanglij auront pris leur temps – cinq ans – pour accoucher Un meurtre au bout du mon