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Exposition

Simone Simon, les aléas de l’eau

Méditerranéedossier
Dans une exposition à la galerie de l’Ecole des beaux-arts de Versailles, la photographe invite le spectateur à plonger dans ses «Histoires d’eau» au fil de ses voyages et de son travail sur les paysages aquatiques.
Baie de Somme, en 2022. (Simone Simon)
publié le 27 mars 2023 à 3h29

Nul ne saurait situer les lieux sans les cartels qui, bien que laconiques, mentionnent tout de même un pays, ou une région, ainsi que l’année (récente) à laquelle correspond la prise de vue. Pas plus. Les paysages évanescents de Simone Simon conservent jalousement leur part d’énigme, contrées flottantes, indécises, sans frontière ni démarcation, où les éléments solide et liquide cohabitent, se superposant en un délicat dialogue teinté de mélancolie atemporelle, tout au plus troublée par ce qu’on devine être l’envol d’un oiseau. De l’Islande à la baie de Somme, l’humain n’a, en revanche, pas ici sa place, indésirable qu’il est sur ces bandes verticales qui renvoient souvent à un registre pictural conviant à la contemplation. Ce que Chiara Palermo, maîtresse de conférences en philosophie de l’art, nomme, dans le texte de présentation, «une prise de conscience de l’écart constitutif de nos représentations et de nos valeurs».

Consubstantiellement horizontaux, une douzaine de tirages couleurs en grand format, et une vidéo de trois minutes – un plan fixe sur un territoire espagnol aride aux modestes traces de végétation distraites par le vent – composent ainsi Histoire d’eau. Un chapelet quiet et harmonieux qui, en haut d’un escalier, occupe la sobre galerie de l’Ecole des beaux-arts de Versailles. «Les lignes qui structurent l’image, la texture, le velouté, idéalisent ces photographies. Je travaille en numérique, mais ayant longtemps pratiqué l’argentique, je ne retouche pas mes images. Le protocole que j’engage pour leur réalisation m’impose des règles strictes, ce qui en fait la rareté», explique Simone Simon – parfaite homonyme mais sans lien de parenté de l’actrice française en vogue dans les années 30-40.

Principalement impliquée dans l’univers de la mode, entre les années 80 et 2000, la photographe, qui réside et a mené l’essentiel de sa carrière sur la Côte d’Azur, a ressenti l’irrépressible envie de prendre la tangente, au sortir des confinements liés à la pandémie de Covid. Grand bien lui en a pris.

Histoire d’eau, de Simone Simon, exposition à la galerie de l’école des Beaux-arts de Versailles, entrée libre de 15 heures à 19 heures, jusqu’au 15 avril.