Spike Lee président, ça n’a plus rien d’un slogan. L’honneur avait été différé par l’annulation du festival en 2020, après qu’un communiqué du cinéaste avait fait savoir sa joie d’être intronisé «première personne de la diaspora africaine (Etats-Unis) à assurer la présidence du jury de Cannes et d’un grand festival». Son histoire avec la Croisette n’est pas anodine. Le prix de la jeunesse décerné en 1986 à Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, son tout premier long métrage, retenu à la Quinzaine des réalisateurs, marquait l’acte de naissance international d’un nouvel espoir du cinéma indé américain comme la Croisette n’en avait encore jamais vu : noir, jeune, insurgé, notoirement peu préoccupé de sembler peu commode. Réputation dont il ne se départira jamais, doublée d’un sens aigu du marketing de ses films, mais aussi de lui-même – qui lui vaut trois décennies plus tard d’écouler des tee-shirts à son effigie et de figurer sur l’affiche du Festival. Dès 32 ans, il confirmera sa stature de guérillero avec Do the Right Thing (1989), caniculaire brûlot proto-Black Lives Matter sur la tension d’un quartier multicommunautaire de Brooklyn, lancé en compète face à une presse et un Libé chauds bouillants. Le compagnonnage cannois s’est tari après Jungle Fever en 1991, et vingt-sept ans s’écoulèrent, et quantité de films inégalement flashants (Malcolm X, Summer of Sam, la 25e Heure, Inside Man…) avant
Interview
Spike Lee : «J’ai une relation complexe aux récompenses»
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Spike Lee, ce mardi, à Cannes. (Lucile Boiron/Libération)
publié le 6 juillet 2021 à 20h01
(mis à jour le 7 juillet 2021 à 15h45)
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