De loin, les toiles de Sue Williams affichent des écheveaux de lignes colorées qui se finissent en pâtés de peinture. Les traits ondulent, esquissant des formes vagues, stoppées net avant que d’avoir eu le temps de se refermer sur elles-mêmes. Pas de motifs rois, pas de centre. Au contraire, la composition juxtapose, sur toute la surface, dans un désordre souverain, une myriade de formes grouillantes. Et vu leur palette, primesautière, ces peintures pourraient bien se ranger dans l’ordre innocent du décoratif.
Ménagerie rocambolesque
De près, c’est une autre histoire, sans queue ni tête, grotesque, scabreuse, que dépeint l’artiste américaine (née en 1954). Les protagonistes qu’elle pousse sur les toiles sont en petits morceaux et difformes, comme pris dans un Puissant Vortex (titre de l’une des toiles exposées à la galerie Skarstedt). Ici, un petit gecko prend son élan sur une cuisse de poulet, là, une grenouille qui se veut faire aussi grosse qu’un bœuf reste plantée sur son arrière-train, ailleurs des pattes de canards s’étirent comme des élastiques. Cette ménagerie rocambolesque (qui compte aussi vaches, chevaux ou méduses) prend des contours courbes et une texture molle. Rien de heurté ni de saccadé dans ces peintures virevoltantes, tout y semble spongieux voire visqueux comme ces pis de vaches qui pendouillent dans plusieurs tableaux.
Culs tendus
Et, entre ces bizarreries organiques (dégoulinent aussi quelques intestins), des êtres humains ramènent leurs fesses. Car c’est leur postérieur hypertrophié