Filmer quatre femmes parmi les toutes dernières survivantes des camps de la mort. Non comme des héroïnes assénant ou répétant un «devoir de mémoire» l’une après l’autre, mais comme des personnes prises dans le moment présent, leurs particularités, leurs émotions, leurs difficultés propres, s’écharpant parfois violemment, se contredisant, se questionnant, se coupant la parole, et finalement, envers et contre tous, et après avoir été parfois au bord de l’insulte, réussissant à s’écouter, à rire, et même, et c’est un moment bouleversant, chanter ensemble le Chant des partisans.
Pas de bons sentiments ou de propos convenus dans ce documentaire de David Teboul qui a donc convié à deux déjeuners – l’un à Paris, l’autre dans un jardin à Fontainebleau, sous le fond du chant des oiseaux – Isabelle Choko, Judith Elkán, Ginette Kolinka et Esther Senot, toutes quatre quasi centenaires après les avoir longuement interviewées séparément chez elles. Mais à Fontainebleau, l’une n’est plus là, Isabelle Choko, elle est morte entre les deux invitations, c’est ce qui arrive lorsqu’on fait un film avec des presque centenaires, et le sentiment qu’une parole se dit peut-être pour la toute dernière fois particip