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Théâtre

Sur scène, le «Nom» de Constance Debré sonne faux

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L’adaptation par Hugues Jourdain du roman de l’ex-avocate, au Théâtre du Rond Point, se déroule trop en rondeur et échoue à rendre justice à l’écriture.
Victoria Quesnel interprète Constance Debré. (Simon Gosselin)
publié le 22 mars 2024 à 9h30

Quand on aime un auteur et qu’on a investi sa langue à fond, on redoute toujours de l’entendre sur une scène, projetée en dehors de l’intimité qu’on entretient avec elle. C’est s’exposer à une trahison qui a quelque chose d’amoureux. C’est aussi tenter la chance pour qu’une voix nouvelle nous renseigne sur l’écriture de l’écrivain aimé, qu’elle nous en montre autre chose, qu’elle la complexifie par la magie de l’énonciation théâtrale.

Le plateau nu du Théâtre du Rond-Point commence par nous rassurer – Constance Debré écrit à l’os, des phrases courtes et définitives sur sa vie, tendue vers l’essentiel, une vie de peu régulièrement décrite dans Playboy, puis Nom (paru en 2022 chez Flammarion) : deux jeans, une casserole, un matelas. Pas de choses.

Sur la scène, la comédienne Victoria Quesnel joue Constance, cette héritière malgré elle, petite-fille de ministre, fille du mouton noir de la famille, arrachée de partout, de ses racines d’abord, et de ce qui pourrait les prolonger : un garçon qu’elle a eu plus jeune, avant le tournant radical, l’abandon de la robe d’avocate, l’homosexualité. Pourtant, alors que son père agonise dans une maison en Touraine, elle s’installe dans la chambre d’à côté pour qu’il