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Libération
Poursuites

Tableaux vandalisés à Metz : le musée d’Orsay porte plainte, la performeuse se défend

Le musée parisien a annoncé, ce vendredi 10 mai, sa décision de porter plainte contre Deborah De Robertis, qui a revendiqué des tags à la peinture rouge sur les vitres de plusieurs œuvres d’art au centre Pompidou-Metz, dont le célèbre tableau «L’Origine du monde» de Gustave Courbet, en cours de restauration.
Lors d'une performance réalisée le 29 mai 2014, au musée d’Orsay, Deborah De Robertis posait, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, (Jean-Christophe Verhaegen/AFP)
publié le 10 mai 2024 à 21h52

«Cette façon de diaboliser, de criminaliser et de dramatiser la performance est un classique du genre», se défend, ce vendredi 10 mai, la performeuse Deborah De Robertis, après avoir dessiné un tag lundi 6 mai sur la vitre du célèbre tableau «L’Origine du monde» de Gustave Courbet. L’œuvre d’art avait été prêtée au Centre Pompidou-Metz pour une exposition temporaire sur le psychanalyste Jacques Lacan. Son propriétaire, le musée d’Orsay, a annoncé ce vendredi, porter plainte contre l’activiste.

«Maculée de peinture rouge, l’œuvre a été décrochée pour examen par une restauratrice qualifiée. Le cadre a reçu de nombreuses projections de peinture qui pourraient laisser des traces durables même après restauration», a précisé le musée dans un communiqué. «J’ai évidemment utilisé un matériau non agressif qui disparaît à l’eau, se défend Deborah De Robertis. L’urgence pour le musée, à cet instant précis, est d’invisibiliser les accusations portées contre le curateur [le commissaire d’exposition]».

Le tableau et l’exposition n’auraient pas été choisis au hasard. Le tableau de Gustave Courbet, ainsi que les quatre autres œuvres, taguées de la mention «MeToo», était présenté au centre Pompidou-Metz, dans l’exposition «Lacan», du nom du psychanalyste, qui en a été le dernier propriétaire privé. Cette «action», organisée par la performeuse franco-luxembourgeoise, était baptisée «On ne sépare pas la femme de l’artiste». Elle avait précédemment dénoncé, dans une lettre ouverte, les comportements de six hommes du milieu, les qualifiant de «calculateurs», «prédateurs» ou «censeurs».

Mais l’une des œuvres vandalisées «pourrait avoir été atteinte dans son intégrité car toutes n’étaient pas protégées», selon le procureur de la République à Metz. Une broderie rouge sur tissu d’Annette Messager, baptisée «Je pense donc je suce» (1991), a également été volée. Quant à «L’Origine du monde», «les tests effectués pour nettoyer le verre de protection ont montré que l’emploi de solvants sera nécessaire, altérant ses propriétés et conduisant à son remplacement», a-t-il précisé.

«L’ensemble de ces opérations est délicat et doit être préparé par une analyse plus approfondie. Aussi, compte tenu du temps nécessaire aux interventions, L’Origine du monde de Gustave Courbet ne pourra être raccrochée dans l’exposition avant sa clôture le 27 mai», a ajouté le musée. Privant de fait les visiteurs de contempler la célèbre œuvre d’art. Pour ces faits, la performeuse, ainsi qu’une autre femme qui l’a aidée ont été placées sous contrôle judiciaire. Une troisième personne, qui pourrait être à l’origine du vol, n’a pas été interpellée.

Une photo de Deborah de Robertis, baptisée «Miroir de l’Origine du monde», était par ailleurs exposée à proximité de «L’Origine du monde» dans le cadre de l’exposition du Centre Pompidou-Metz. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, une performance réalisée le 29 mai 2014, au musée d’Orsay. Condamnée à une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, la performeuse a également été plusieurs fois relaxée après des actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe devant «La Joconde» au musée du Louvre, à Paris.