Depuis Israël, la terre et le sacré (Flammarion, 2001), Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias n’ont cessé de publier, ensemble ou individuellement, des essais sur le judaïsme et les mondes juifs. Dans celui-ci, ils analysent la sidération et l’effroi provoqués chez eux et chez nombre de Juifs par les attentats du 7 Octobre, «une nouvelle Shoah, cette fois à l’intérieur même des limites de l’Etat qui était censé à jamais en empêcher la répétition». Sans mésestimer non plus les inquiétudes ressenties par eux avant ces attaques. «Tout semblait «calme» et favorisait l’oubli de la communauté internationale. Tout, en fait était en train de changer et le feu en passe de se propager. […] L’explosion de violence à venir, qui pourrait prendre des allures de guerre civile, était inévitable. Ce n’était qu’une question de temps. Comment avait-on pu ignorer la menace, minorer sa gravité, ne pas anticiper ?»

Condamnant «le tranchant et le simplisme des prises de position de trop de responsables politiques» qui ont contribué à hystériser le débat en France, ils en appellent à «un monde où la diaspora apporterait à l’Etat [d’Israël] plus que le récit de ses peurs : quelque chose comme la sagesse d’une expérience millénaire», ajoutant tel un mantra : «Il ne s’agit pas de renoncer à la force, juste à la foi aveugle dans le pouvoir de la force. Il ne s’agit pas d’une résignation à la faiblesse, mais d’une claire conscience de notre fragilité.» A.S