La petite peinture qui donne son titre à la première exposition de Chantal Joffe en France, depuis 2001, en donne aussi le ton, familial, et la touche, onctueuse. C’est The Dog’s Birthday, que sa maîtresse câline entre ses bras, assise devant le gâteau, préparé pour l’occasion. Le sujet, mièvre, se corse dans le traitement que l’artiste londonienne livre. La longue chevelure de la fille dégouline en boucles châtains sur le pelage frisotté du toutou tracé à coups de pinceau généreux le réduisant à une grosse pelote aux contours et même à la forme incertaine. Le chien, tout excité par tant de cajoleries, trépigne et gigote. Et le gâteau est à l’avenant : les boulettes de crème au chocolat dont il est recouvert, peluchent sur les bords. De la maîtresse au chien et jusqu’au gâteau, tout est nappé, dans un camaïeu marron, d’une même couche grasse et confortable. La toile dépeint un chaleureux moment d’affection partagée au sein du foyer familial, là où le ridicule ne tue pas, et où les apparences comptent moins.
Joffe (née en 1969) ne cache rien de ces heures où ses sujets, ses proches toujours – son mari, sa fille, ses copines, elle-même souvent – sont assez peu à leur avantage. C’est une œuvre cosy et sans gêne donc (pourquoi se gêner quand on est chez soi ou entre soi ?) qui ne ménage pas ses modèles, que le pinceau vient tendrement caresser, mais d’un peu trop près et un peu trop fort. Comme un bisou baveux. Le mari prend cher (et chair) quand il sort du bain, les bras,