Le 4 mars, quand, depuis Douarnenez, Emmanuel Meirieu a reçu l’appel de l’Odéon à investir le théâtre, il a sauté dans un train, à 6 heures, pour passer la première semaine d’occupation à Paris. Voilà un an qu’il trépignait «d’impuissance, de solitude et de rage» et se cherchait des «camarades de combat». Là-bas, il a trouvé un «rêve de fraternité» en dépit d’une hôtesse d’accueil visiblement frigorifique (la direction du théâtre n’a concédé qu’une seule douche au bout de deux jours à une cinquantaine d’occupants, «et encore, parce que Bachelot est venue»).
A lire aussi
Maintenant que le mouvement s’est propagé, l’auteur et metteur en scène des Naufragés, qui consacre sa vie à compter les épopées des oubliés, tient à lever une ambiguïté : d’une part, ces occupations sont une lutte sociale, et non un combat corporatiste. D’autre part, elles donnent une chance inouïe aux petits, moyens et grands théâtres du service public de rappeler qu’elles sont des maisons et des abris. Lui, dont le travail s’articule toujours autour de l’histoire des mouvements sociaux, a tenu à documenter celui-ci. Les photos, les dessins, les banderoles, les gueules, les textes hurlés aux balcons. Il a tout filmé, tout gardé de l’Odéon. De ce qu’il a pu choper, il fera une «galerie de portraits», et rêve de poser sa caméra et son duvet dans la soixantaine d’autres théâ