Une fleur de courgette jaune, une bicyclette, une rose et les pavés disposés en queue de paon de la piazza Navona. Toutes ces choses n’ont – a priori – rien en commun, à part qu’elles se trouvent à Rome et que c’est James Welling qui les photographie, une à une. Pour sa troisième exposition à la galerie Marian Goodman, le photographe américain de 74 ans, ex-étudiant de John Baldessari et enseignant à Princeton, partage son travail effectué lors d’une résidence à Rome, au printemps 2024. Et s’il a choisi ces grands formats inhabituels, c’est parce que le photographe allemand Thomas Ruff l’y a incité, après qu’ils ont exposé ensemble à la Kunsthalle de Bielefeld en 2023. «Nous faisons tous deux des choses étranges avec la photographie et nous n’avons pas peur d’expérimenter», précise le photographe.
«Nous voyons des choses incomplètes»
Quand on s’approche de «Thought Objects» – des objets à penser –, un petit effet d’irréel brouille la vue, comme si les images bougeaient toutes seules ou comme si les pixels s’échappaient du tirage, en lévitation. Une façade romaine, la porte de l’atelier de Michel-Ange, toutes deux photographiées frontalement, évoquent la 3D, avec des contours étranges, des halos de lumière. «Il s’avère que dans le système optique humain, nous voyons des halos autour des têtes, mais nous n’y prêtons pas attention. Moi, je vois le monde exactement comme dans mes photographies», <