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Mort de David Lynch : «Twin Peaks», remue-images

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La série-maîtresse de Lynch et Frost, diffusée de 1990 à 1991 puis ressuscitée en 2017, a aboli la frontière entre petit et grand écran. Son succès critique et populaire a annoncé l’émergence d’une autre manière de faire de la télévision.
Twin Peaks : The Return est sorti en 2017, vingt-six ans après la deuxième saison. (Rancho Rosa Partnership. Twin Peaks prod. Lynch Frost Prod /Coll. Christophe L)
publié le 17 janvier 2025 à 20h45

«Twin Peaks ne ressemble à rien qu’on ait pu voir à une heure de grande écoute – ou sur cette planète», écrivait Time Magazine, ébaubi par la diffusion du pilote de la série de David Lynch et Mark Frost le 8 avril 1990. Profitant d’une envie de contre-programmation de la part de la chaîne ABC, alors à la traîne dans les audiences, le réalisateur ne faisait pas qu’exposer la ménagère américaine à ses visions surréalistes : il faisait entrer dans la lucarne le cinéma et ses exigences artistiques, en réitérant comme ses collègues européens Bergman (Fanny et Alexandre) et Fassbinder (Berlin Alexanderplatz) la promesse d’une télévision d’auteur en abattant la barrière entre grand et petit écran – qu’est-ce que la «red room» de la série sinon une salle privée de projections mentales et oniriques ? Encadré par un Frost issu de la télé traditionnelle (comme scénariste de Capitaine Furillo), Lynch touchait avant tout aux plaisirs cathodiques alors, sinon toujours, essentiels : le feuill