«Remettre les artistes au centre du jeu», c’était l’ambition de ce dispositif, selon les mots de l’ancienne ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Crée en juin 2021 et doté d’un budget de 30 millions d’euros, «Mondes nouveaux», un temps présenté comme le «New deal culturel» d’Emmanuel Macron, devait permettre de redynamiser l’écosystème culturel fragilisé par des mois de pandémie du Covid. Les artistes avaient été fortement affectés par la crise sanitaire, leur activité professionnelle ayant été très restreinte à cause de la fermeture des musées, théâtres et autres lieux culturels.
Or, dans le projet de loi de financement de la Culture pour 2025, pas une ligne n’est consacrée à ce programme d’aides. L’actuelle ministre Rachida Dati l’aurait écarté du budget, comme l’a annoncé Télérama qui rappelle que le programme avait été épinglé par la Cour des comptes en mars 2024. Le ministère de la Culture n’a pas confirmé l’information à Libération.
Bourses jusqu’à 10 000 euros
Pourtant, en 2022, l’ancienne locataire de la rue de Valois Rima Abdul Malak, s’était réjouie du succès du dispositif et avait annoncé sa reconduction «pour une période de trois ans» à raison «d’un budget de 10 millions» par an dès 2023. L’an suivant, la promesse est réitérée dans le plan financement de 2024 : Mondes nouveaux devait bien être reconduit pour trois ans, et porterait même une attention toute particulière aux «quartiers prioritaires de la politique de la ville».
Projets
A ses débuts, il avait pourtant rencontré un vif succès : 3 000 candidatures avaient été reçues, et 430 créatrices et créateurs avaient été sélectionnés, venant de tous les horizons créatifs, de l’art visuel au spectacle vivant, en passant par le design. Ceux-ci obtenaient ensuite une bourse pouvant aller jusqu’à 10 000 euros et avaient la possibilité d’investir un site ou un édifice dépendant du Conservatoire du littoral ou du Centre des monuments nationaux.
Informations parcellaires
Parmi eux figuraient le dramaturge Mohamed El Khatib, mais aussi l’artiste Laëtitia Badaut Haussmann, et la metteuse en scène et historienne des sciences Frédérique Aït-Touati. Depuis, pas moins de 264 projets ont fleuri, disséminés à travers le pays. Certains ont pu être exposés, comme l’œuvre de la plasticienne Gaëlle Choisne, Monument aux vivant·e·s, qui se trouve au Musée national de l’histoire de l’immigration.
Si la première session fut fructueuse, il est difficile de trouver un bilan de la seconde qui devait débuter en 2023 si l’on en croit les paroles de Rima Abdul Malak. L’agenda qui figure sur le site internet de Mondes nouveaux apporte des informations parcellaires. Plusieurs expositions ont bien eu lieu cette année et certaines se prolongent jusqu’en 2025. Mais aucune mention n’est faite de nouveaux artistes qui auraient intégré le programme pour ce «deuxième acte», ou de projets artistiques en cours. Tout donne à penser que Mondes nouveaux était déjà sur le déclin.