«Suis-je mort ?» Telle est la question que se pose dès la première ligne Claude Compagnone en sortant d’un demi-coma au pied d’une falaise. Rien ne bouge, la nature est immobile. «Le monde me regarde et je regarde le monde. Et le monde est beau…» La raison ? On la découvrira quelques pages plus loin quand, après avoir détaillé son ascension d’une voie exigeante des Alpes du Sud, il s’arrête un instant à mi-course pour s’accorder un instant de repos. «Je basculai doucement mon poids dans le baudrier pour pouvoir relâcher la tension de mes bras. La corde ne me retint pas : je m’assis dans le vide et chutai.» Un plongeon de 50 mètres, l’équivalent d’un saut du 18e étage…
Les récits de montagne ne se conçoivent pas sans danger de mort. Cordes qui lâchent, mauvaises prises, cordée qui dévisse, froid anesthésiant ou pierres meurtrières… L’intensité de ces tragédies de roche et de glace tient aux situations dramatiques des alpinistes qui les affrontent. Mais l’histoire est écrite par les vainqueurs… Et la mort des autres n’a souvent comme conséquence que d’élever «ceux qui en réchappent au rang de personnes exceptionnelles», en soulignant leur force et leur héroïsme, note avec justesse Claude Compagnone.
Rien de tout ceci dans l’Ange de la falaise, joli récit autobiographique, tout en pudeur et modestie, où l’auteur revient donc sur un accident survenu il y a trente ans. Reconstruction (physique et mentale), réflexion sur la vie et la foi, la montagne et l’alpinisme, qu’il pratiquera de nouveau une fois rétabli.