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Casses

Un Rembrandt dérobé quatre fois, «le Cri» de Munch escamoté, la Joconde subtilisée : retour sur les cambriolages de musées les plus marquants

Avant le braquage éclair au Louvre dimanche 19 octobre et le vol de bijoux «d’une valeur inestimable», les trésors d’autres établissements avaient également été la cible de malfrats, d’Oslo à Boston.

Deux toiles de Van Gogh dérobées en 2002 et retrouvées en 2016. (Mario Laporta/AFP)
Publié le 20/10/2025 à 18h31

Les banques n’ont pas l’apanage des braquages spectaculaires. Les institutions culturelles, elles aussi, sont victimes de «casses du siècle». Dernier exemple en date : dimanche 19 octobre au matin, le musée le plus visité au monde a été victime d’un vol éclair. En huit minutes top chrono, un «commando» de quatre hommes a pénétré à l’intérieur du Louvre à l’aide d’une disqueuse et d’une nacelle installée sur un camion. Leur butin : huit bijoux d’une «valeur inestimable» exposés dans la galerie d’Apollon. Et il ne s’agit pas du premier larcin pour le musée parisien. Des décennies auparavant, en 1939, l’Indifférent, d’Antoine Watteau, avait été dérobé avant d’être finalement retrouvé deux mois plus tard. Le Chemin de Sèvres de Camille Corot, avait lui été volé en 1998. La toile est toujours portée disparue.

A travers le monde, d’Oslo à Londres, d’autres musées ont également été victimes de vols d’œuvres d’art et d’objets précieux. Libé en dresse une liste non exhaustive.

En 1911, «la Joconde» disparaît

C’est sans doute le vol qui a le plus profondément marqué le musée du Louvre, car c’est son œuvre la plus célèbre, la Joconde de Léonard de Vinci, qui en fut la cible. En 1911, un beau matin d’août, Vincenzo Peruggia, vitrier italien, pénètre dans le musée l’air de rien, sans cagoule ni échelle. Il décroche le Portrait de Monna Lisa du mur, se débarrasse de la vitre et du cadre de l’œuvre avant de la glisser sous sa blouse de travail. Une fuite incognito. Le tableau ne sera retrouvé en Italie que deux ans plus tard, au terme d’une traque interminable et d’interrogatoires auxquels seront mêlés Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso. Vincenzo Peruggia, qui affirmera avoir agi par patriotisme, sera finalement jugé dans son pays d’origine et condamné à sept mois de prison.

Entre 1966 et 1983, un «Rembrandt à emporter»

Un tableau volé un tel nombre de fois qu’il finira par être inscrit dans le Guinness des records. Le Jacob de Gheyn III, réalisé en 1632 par Rembrandt, est dorénavant surnommé le «Rembrandt à emporter». Et pour cause : il a été dérobé à quatre reprises à la Dulwich Picture Gallery de Londres. C’est en 1966 qu’il attire tout d’abord la convoitise des malfrats, avec deux autres œuvres elles aussi subtilisées. Le scénario se reproduit en 1973, 1981 puis une dernière fois en 1983. Le portrait est malgré tout retrouvé après chaque vol. Il est toujours exposé dans le musée londonien.

En 1994 et 2004, deux «Cri» de Munch dérobés

Deux vols à dix ans d’intervalle. En 1994, alors que les Jeux olympiques d’hiver s’ouvrent à Lillehammer, en Norvège, et que l’attention est ailleurs, deux voleurs posent une échelle au petit matin le long de la façade de la Galerie nationale d’Oslo, brisent une vitre et s’emparent de la plus célèbre œuvre d’Edvard Munch. Elle sera retrouvée trois mois plus tard grâce à un piège mis en place avec les enquêteurs britanniques de Scotland Yard. Une décennie plus tard, le 22 août 2004, une autre version du tableau est prise pour cible. Deux individus armés et cagoulés font irruption en plein jour dans le musée Munch d’Oslo, sous le regard médusé des visiteurs. Ils s’emparent de deux pièces majeures, le Cri et la Madone, avant de s’enfuir. L’opération ne prend que cinquante secondes. Les deux chefs-d’œuvre sont finalement retrouvés, endommagés, deux ans plus tard.

En 1972, le musée des Beaux-Arts de Montréal pris d’assaut

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1972, trois cambrioleurs, armés de mitraillettes et de fusils, profitent des travaux au musée des Beaux-Arts de Montréal pour s’introduire par un puits de lumière à l’intérieur de l’établissement. Après avoir bâillonné et ligoté le gardien, ils subtilisent 18 tableaux de grands maîtres, une quarantaine de bijoux et des objets précieux. Les œuvres volées, comprenant des tableaux de Rembrandt, Brueghel l’Ancien, Rubens, Corot et Delacroix, ne seront jamais retrouvées.

En 2002, des Van Gogh aux mains de la mafia

Début décembre 2002, au musée Van Gogh d’Amsterdam. Après être montés sur le toit de l’établissement et avoir brisé une vitre à l’aide d’une masse, deux malfrats parviennent à s’introduire dans l’établissement sans être inquiétés. Ils dérobent deux tableaux peints par le maître néerlandais dans les années 1880 – Sortie de l’église de Nuenen et Vue de la mer de Scheveningen – avant de prendre la fuite en glissant le long d’une corde. Mais quatorze ans plus tard, par le truchement des confessions d’un repenti de la mafia, les deux toiles sont finalement retrouvées par la police italienne à Naples, chez un trafiquant de drogue affilié à la Camorra.

En 2010, un cambriolage rocambolesque au musée d’Art moderne de Paris

Dans la nuit du 19 au 20 mai 2010, un Matisse, un Picasso, un Braque, un Modigliani et un Léger disparaissent du musée d’Art moderne de la capitale. Montant du butin : plus de 100 millions d’euros, le plus grand casse jamais perpétré dans un musée français. Le voleur, surnommé «Spider-Man» par la presse, a pu s’introduire dans le musée en désossant une baie vitrée, avant d’embarquer les toiles dans son Renault Espace. Le tout en profitant des graves défaillances des systèmes de sûreté : dysfonctionnement des alarmes, dont une coupée pour ne pas importuner le personnel, ou encore écran de contrôle en panne. L’«homme-araignée» sera condamné à huit ans de prison en 2017. Les œuvres, elles, restent introuvables.