On arrive dans ce quartier de La Barbière, dans le sud d’Avignon, un peu réticente à l’idée d’aller s’enfermer dans le cube d’un centre social, eu égard aux fumets alléchants de barbecue qui s’élèvent alentour.. Le spectacle de l’Argentin Mariano Pensotti et son collectif Grupo Marea, appelé à circuler durant tout le festival et au-delà, aurait sans doute gagné à jouer dehors ; un personnage y mentionne d’ailleurs cette tradition du théâtre ambulant, forme emblématique de la décentralisation culturelle, allant par les villages. De fait, Une ombre vorace est un spectacle d’une efficacité incontestable, un petit roman de théâtre, mené promptement, dans un enthousiasme simple pour le récit.
C’est une histoire double dont les motifs et les personnages s’entrecroisent. Sur un plateau carré deux comédiens se répartissent autour d’un panneau pivotant – verso miroir, recto blanc. L’un interprète Jean Vidal, un alpiniste, qui décide de suivre les pas de son père disparu trente ans auparavant lors de l’ascension du redoutable sommet de l’Annapurna au Népal. L’autre joue un comédien désabusé, auquel on propose d’interpréter le rôle de Jean Vidal au cinéma. Deux heures durant, avec peu d’accessoires – du matériel d’escalade, des tapis de course –, les deux hommes mènent leur aventure respective se confro