Une lampe non à pétrole mais à huile de colza nous éclaire lorsqu’on s’installe dans la petite salle de la MC93. Son miroitement dans l’obscurité rappelle les lampes de poche que tenaient les ouvreuses – le féminin s’impose car le métier était genré – quand un spectateur en retard se glissait en catimini au cinéma. L’ouvreuse, en l’occurrence, c’est Juliette Navis, qui accourt sur le plateau. Se présente : elle est dramaturge pour la compagnie Lieux-dits et elle est désolée, David Geselson est à l’hôpital avec sa mère qui a fait une petite chute. Plutôt que d’annuler la représentation, le metteur en scène lui a intimé de prendre le relais, puisque ce spectacle, Vivant.e.s, elle le connaît sur le bout des doigts. Elle va faire ce qu’elle peut. Du reste, les perturbations sur la ligne 5 du métro parisien l’obligent à rester puisque des spectateurs vont arriver très en retard. La petite précision véridique embarque.
Bougies en cire de soja
On se laisse mener par l’actrice, seule en scène avec la violoncelliste Myrtille Hetzel. Aucun projecteur. Pas d’électricité. Des bougies sur le plateau, partout. Des paraboles qui concentrent la lumière et la distillent à la manière d’un kaléidoscope. La scénographie, conçue par David Geselson et Jérémie Papin, nous plonge dans un rituel. L’éclairage à la flamme découvrira à la fin du spectacle des listes inscrites à la craie parmi les 130 000 espèces déjà disparues depuis la sixième extinction en cours, cathédrale d’écriture. Rien que pour ses inventions scénograph