Elles n’ont pas vraiment de nom, ont laissé peu de traces et ce mystère les rend encore plus captivantes. Ce sont des boîtes, de petits théâtres, des crèches, qui représentent en miniature des cellules de religieuses ou les pièces d’un couvent. Ces petites maquettes abritent souvent des figurines de nonnes en cire (en train de lire ou de prier) et reconstituent avec minutie le décor d’une chambre ou d’un réfectoire : la croix accrochée au mur, un livre en mie de pain… Des maisons de poupées qui dévoilent la vie recluse des moniales.
L’ouvrage dirigé par les historiennes Elisabeth Lusset et Isabelle Heullant-Donat, Une vie en boîte, est presque aussi gros que l’objet dont il se propose de faire l’histoire. Une somme d’articles tentant de cerner ces «énigmatiques cellules» dont on a déjà répertorié 500 exemplaires, du XVIIIe siècle aux années 1960. Ces miniatures étaient confectionnées par les religieuses elles-mêmes, le plus souvent à destination du monde du dehors. Mais pourquoi ? «Donner à voir une vie exemplaire ? Inviter à une démarche spirituelle ? Susciter des vocations ?, s’interrogent les autrices. Bien que produites en grand nombre dans les couvents, elles n’ont souvent laissé d’autres traces que leur seule présence, muette et pourtant