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Valentine Gardiennet sur sa planète farces

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Les joyeux personnages de la jeune artiste, aux Magasins généraux de Pantin et à 100 % l’expo à La Villette, militent sous leurs airs carnavalesques pour un monde plus égalitaire.
Une des «Poupées» de Valentine Gardiennet. (Salim Santa Lucia/Magasins généraux)
publié le 3 mai 2025 à 11h00

Peuplée de géants aux corps rembourrés de paille et habillés de vieilles frusques, têtes cabossées (elles sont faites de bandelettes trempées dans du plâtre avant d’être apposées sur du grillage à poule), l’exposition de la jeune Valentine Gardiennet n’a peur de rien. Surtout pas du ridicule tant ces figures avachies, bonshommes et bonnes femmes de papier mâché, cousins germains des grosses têtes de carnaval, tout ébahis avec leurs yeux animés de mouvements saccadés, paraissent trop puérils pour mériter le statut exigeant de sculptures. Leur carcasse froissée, leur port sans aucun maintien, leurs traits peinturlurés d’un pinceau trop chargé de rose (aux joues), de rouge (aux lèvres) ou de jaune (un peu partout) leur prêtent plutôt le profil de l’idiot du village.

C’est un village précisément, avec ses chantres et ses hauts lieux, mais aussi l’imaginaire festif, partageur de bonne humeur populaire et fort de mille histoires de grand-mère, que l’artiste implante ainsi aux Magasins généraux de Pantin (Seine-Saint-Denis), avec l’énergie de ses 28 ans et une décomplexion roborative. Au centre du village, elle a déployé un lit, de la même taille que ses poupées. On y tient au moins à 30 et la musique diffusée vous ferait presque oublier ce qui reste à voir autour, le reste du village et ses autres habitants. Autour du moulin se dressent, en rang d’oignon, sages comme des images mais pas naïfs pour un sou, «la bonne poire» et «l’âne», boucs émissaires tout trouvés dans