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Blockbuster

«Vanguard», le «soft power» chinois à gros coups de latte

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Le dernier Jackie Chan met en scène un ressortissant kidnappé à l’autre bout du monde. Peu inspiré, voire comique à ses dépens, ce blockbuster se regarde comme un cours de géopolitique made in Pékin.
Jackie Chan en train d'essayer de voler une botte dans «Vanguard». (Amazon Prime)
publié le 22 mars 2021 à 6h08

Le box-office chinois affiche une santé insolente sans avoir besoin de films étrangers et surtout américains : en 2020, Tenet (66 millions de dollars de recettes seulement dans le pays) avait été nettement écrasé par My People, My Country (toujours premier du classement national avec 425 millions de dollars), drame sorti l’année d’avant pour commémorer les 70 ans de la naissance de la république populaire de Chine. Et Vanguard, le dernier Jackie Chan qui nous arrive directement sur Amazon Prime, est un bon spécimen de ce qui est censé attirer les spectateurs là-bas : un blockbuster que l’on regardera comme démo de soft power et cours de géopolitique. «Tu as appris le chinois mais pas notre éthique», rétorque fièrement à un méchant un des héros. Vanguard est le nom d’une société de gardes du corps aussi efficaces et crédibles que les barbouzes des Mission : Impossible et les chauffards des Fast & Furious, principales références derrière lesquelles le film court. Soit ne jamais abandonner un ressortissant chinois kidnappé à l’autre bout du monde, ce qui est aussi le pitch de Wolf Warrior 2 (2017), plus gros carton de tous les temps dans les salles chinoises.

Tout comme le pouvoir du cinéma américain est de s’y sentir chez soi, de Paris à Riyad, Vanguard déploie des efforts involontairement comiques pour montrer que la Chine est partout, tout aussi confortable : on s’y bagarre dans la cuisine d’un restaurant chin