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«Vos vies ne seront plus jamais les mêmes» : des professionnels du secteur culturel en Europe racontent leur travail sous l’extrême droite

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Ils sont hongrois, italienne et polonaise et ont en commun de diriger ou d’avoir dirigé des institutions culturelles sous un gouvernement d’extrême droite dans leur pays respectif. «Libé» leur a donné la parole et, sans surprise, elle n’est pas rassurante.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, à Rome, le 24 juin. (Simona Granati /Corbis via Getty Images)
par Ève Beauvallet, Patrice Senécal, correspondant à Varsovie et Rémi Guezodje
publié le 3 juillet 2024 à 16h39
(mis à jour le 4 juillet 2024 à 9h50)

La menace de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir après le deuxième tour des législatives nécessite de se préparer aux transformations d’idées et de fonctionnements qu’une telle bascule politique entraînerait dans un pays comme la France, où l’intrication entre création culturelle et rôle de l’Etat est centrale. Libération a demandé à trois professionnels ayant occupé ou occupant toujours des responsabilités de programmation à la tête d’un centre culturel ou de théâtres en Hongrie, en Italie et en Pologne ce que les différents gouvernements d’extrême droite dans ces pays européens avaient provoqué, frontalement ou insidieusement, dans l’exercice de leur métier. Il n’y a rien dans leurs témoignages qui permette de relativiser.

«Je pense que la droite extrême est obsédée par l’idée de tout dominer, dont la culture»

György Szabó, directeur du centre culturel Trafó, à Budapest

«Je pense que c’est fini pour la Hongrie. Il y a bien sûr des jeunes qui font des choses et se rassemblent, mais c’est une défaite absolue. Je ne veux pas être pessimiste, je crois que tout peut renaître, mais c’est difficile car le processus d’effondrement a été rapide et exponentiel. Avant le retour de Viktor Orbán au pouvoir en 2010, mon centre culturel avait réussi à émerger sur la scène artistique indépendante à Budapest depuis 1998. Même si nous étions l’une des seules scènes de Hongrie à ne pas avoir de compagnie dédiée, nous avions vraiment créé quelque chose de singulier. Juste av