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Wajdi Mouawad au théâtre de la Colline : le départ prématuré d’un directeur engagé

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Nommé à la tête du théâtre national en 2016, le metteur en scène libano-québécois a annoncé ce mercredi 12 mars qu’il mettrait fin à ses fonctions en mars 2026, soit un an avant la date prévue. Son bilan est marqué par des prises de position politiques fortes et un rajeunissement considérable du public du théâtre de l’Est parisien.
Wajdi Mouawad, en septembre 2021 à Paris. (Julien Mignot/Julien Mignot)
publié le 12 mars 2025 à 11h33

«Ecrire, c’est échapper à la dictature du sens. Expliciter, c’est égorger l’intuition. L’aventure de l’écriture ne consiste pas à maîtriser une idée, mais à découvrir ce qu’on ignore de soi. On est des immeubles habités par des locataires dont on ignore tout. Ecrire, c’est faire en sorte que ces locataires choisissent ce qu’il advient des personnages.»

On sort du Collège de France où Wajdi Mouawad, le directeur du théâtre de la Colline, vient de donner une enthousiasmante leçon intitulée «Puzzle sans image du verbe choisir», dans son séminaire sur les verbes de l’écriture ; et le lendemain, on apprend qu’il quitte le théâtre national dont il avait été nommé à la tête, il y a presque dix ans, le 6 avril 2016. Son départ sera effectif en mars 2026, un an avant la fin de son mandat. On poursuit le séminaire qui porte justement sur la difficulté pour un humain de changer par lui-même sans qu’une force extérieure, une catastrophe, ne l’y oblige. Nous frappe qu’il s’astreint au mouvement, malgré, vient-il d’expliquer dans son séminaire, «l’impossibilité de se voir dans la partie creuse de la cuillère et de retourner cette cuillère». Wajdi Mouawad donne un exemple qui parle à tous : «Pourquoi est-il si difficile de se résoudre à changer de méti