«Avez-vous vu l’exposition Yoko Ono ? — Non, mais j’ai l’intention de le faire», assure en 1971 un passant, dans un petit film type microtrottoir. Un autre, dérouté, ne l’a malheureusement «pas trouvée» dans les couloirs du MoMA. Et pour cause, contrairement à ce qu’annonçait la réclame pour le «One Woman Show» de Yoko Ono parue dans les pages du Village Voice, l’exposition en question n’existait tout simplement pas. A l’époque, le musée new-yorkais ne faisait pas grand cas de l’artiste japonaise. Laquelle ne s’était pas démontée pour autant, tournant à son avantage et en geste artistique cette mise au ban, en achetant un encart dans la presse et cultivant le mythe de cette exposition imaginaire où elle aurait orchestré un sonore lâcher de mouches imbibées de parfum dans les couloirs du musée pour signifier, malgré tout, sa présence, discrète, fleurie, bavarde et, déjà, subversive.
Féministe, pacifiste, écologiste
Il faudra attendre 2012 pour que le musée new-yorkais offre une exposition à Yoko Ono. Il la circonscrira à la seule décennie 1960-1971 précédant l’exposition autoproclamée. En France, c’est le MAC Lyon en 2015 qui célébrait dans la foulée, «et dans la durée», la productivité toujours féconde de celle qu’on peina si longtemps à détacher du spectre de John Lennon, dont elle fut la compagne entre 1968 et 1980, date de son assassinat.
La rétrospect