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Documentaire

«Ziyara», les juifs marocains en leurs saints

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Simone Bitton s’élance sur les traces de ses ancêtres et des musulmans gardiens de leur mémoire et de leurs lieux de culte, dans un road movie plein d’émotion contenue.
La cinéaste franco-israélo-marocaine Simone Bitton cherche ce qu’il reste des juifs marocains sur sa terre natale.
publié le 30 novembre 2021 à 6h20

Beaucoup de lenteur, de silence et de pudeur dans ce road movie à travers un Maroc inhabituel. Comme cela convient quand on se rend dans des cimetières et des sanctuaires d’un beau passé trépassé. Car c’est en quête de ce qu’il reste des juifs marocains que la cinéaste franco-israélo-marocaine Simone Bitton entreprend cette Ziyara sur sa terre natale. Le mot arabe pour «visite» désigne plus précisément, chez les Marocains, juifs comme musulmans, un pèlerinage auprès des «saints». Il y en aurait 650 juifs au Maroc, dont 150 vénérés par les deux communautés. Une découverte essentielle qui a guidé le parti pris de la réalisatrice de retracer l’histoire et les souvenirs des juifs marocains uniquement à travers les récits des musulmans qui les ont connus ou qui veillent aujourd’hui sur leurs lieux dédiés.

Dialecte marocain ressurgi «par miracle»

Il y avait encore près de 300 000 juifs au Maroc en 1950. Ils ne sont plus que quelques centaines aujourd’hui, souvent âgés, dispersés à travers le pays. Pour aller d’une synagogue à une école, d’un sanctuaire aux ruines d’un village, on roule sur des routes asphaltées ou parfois des chemins de terre. Sans commentaire. La voix derrière la caméra ne parle que pour écouter. Simone Bitton intervient seulement pour poser des questions une fois face à ses différents interlocuteurs. Elle s’adresse à eux dans le dialecte marocain ressurgi «par miracle» de son enfance.

«Saison de juifs»

Certains vieux qu’elle rencontre parlent un bon français appris dans les écoles qu’ils ont fréquentées au côté de