De nouveaux programmes de philosophie pour les classes terminales ont été publiés en août 2000. A la demande du ministre de l'Education nationale, ils ont fait ensuite l'objet d'une consultation des professeurs. Le groupe d'experts présidé par Alain Renaut (1) a révisé le texte initial, en tenant compte des critiques. Il y a lieu d'être préoccupé par le tour que prennent maintenant les choses: comme lors des précédentes tentatives de réforme, un front du refus s'est constitué, prenant des allures de croisade. Des procès d'intention des uns, du silence assourdissant des autres, on ne saurait dire ce qui est le plus grave; mais cela donne assurément de notre discipline une image désastreuse.
Les adversaires du programme continuent de réclamer son retrait pur et simple. Nul ne saurait contester la sincérité de leurs convictions, encore moins sous-estimer le degré d'inquiétude que trahissent aussi ces critiques, pour de nombreux professeurs confrontés à des situations pédagogiques chaque jour plus difficiles qui soulignent à elles seules l'urgence absolue d'une réforme. Sur bien des points, tout le monde semble pourtant d'accord: nécessité de réduire le trop large éventail de notions de l'ancien programme et d'en limiter l'indétermination; énoncer plus clairement ce qui est attendu de l'élève.
N'est-il pas dès lors paradoxal de reprocher au nouveau programme de prédéterminer les contenus à l'excès ? Le mot «démocratie» trahirait une orientation «idéologique», quand les rédacteurs