Je viens de passer une semaine riche en paradoxes, en Israël et dans les Territoires palestiniens. En l'espace de quelques jours, j'ai fait le tour de pas mal de facettes du kaléidoscope fou qu'est ce pays : j'ai parlé avec des Israéliens et des Palestiniens, des immigrés juifs récents et des enfants, voire des petits-enfants d'immigrés, des professeurs et des chauffeurs de taxi, des pères chrétiens et des tenanciers de bar, des cinéastes et des vendeurs de sandwichs, des journalistes et des architectes... Je suis allée là-bas par pure curiosité (la curiosité, c'est tout ce que j'ai de pur). Je voulais voir de mes yeux, et tenter de comprendre quelque chose à ce lieu qui focalise, depuis presque soixante ans, tant d'inimitiés identitaires.
J'ai la chance immense, personnellement, d'avoir une identité faible. Il est presque impossible de tirer orgueil du fait d'être née dans l'ouest du Canada, et j'en suis bien aise. Pas de grande tradition littéraire plusieurs fois centenaire, pas de conquêtes historiques fracassantes, pas un seul prix Nobel. Les fréquents déménagements de ma famille pendant mon enfance m'ont forcée, moi l'éternelle «nouvelle», à voir les choses du point de vue des autres et à me voir à travers les yeux des autres. Avoir été baptisée deux fois (en raison du divorce de mes parents) m'a fait comprendre le caractère arbitraire des appartenances religieuses. Avoir eu à apprendre une langue étrangère, puis une autre, a efficacement anéanti en moi toutes les certit