Vendredi soir, à 19h15, agitation subite dans la salle française: le porte-parole de l’Elysée, Jérôme Bonnafont annonce que
le Président va venir briefer la presse
Comme par magie, la salle se remplit de journalistes. Puis, comme les mouettes précèdent les navires, les diplomates français arrivent suivis des
conseillers de l’Elysée puis enfin des ministres. La rumeur enfle: «il» arrive, «il» est là. Jacques Chirac, sourire crispé est là, effectivement. Il traverse rapidement la salle, salue quelques têtes connues et s’installe à son bureau. La conférence de presse sera «brève» car il a des «bilatérales» avec d’autres «chefs» sur le feu.
Il n’est pas là pour annoncer qu’il y a accord : «
je n’ai pas de réponse à apporter à la question: y-a-t-il ou n’y aura-t-il pas un accord»
. Alors, pourquoi est-il venu? Pour expliquer que l’accord est à portée de la main et que s’il y a échec, ce ne sera pas de sa faute
mais de celle de Tony Blair qui ne veut pas renoncer à son rabais, ce qui n’est pas
«équitable»?
En fait, rien de tout cela. Chirac voulait juste parler avant le
journal de 20 heures
. Il sait que l’accord ne se fera que tard dans la nuit et qu’il n’a donc aucune chance de passer au 20 heures du samedi. Pour la télévision, 24 heures, c’est déjà trop vieux.
Vingt minutes plus tard, il est déjà parti, après avoir répondu à quelques questions.
Il a eu le temps de marteler que la solution de compromis dont les Vingt-cinq discutent n’est pas une idée allemande (voir
[ Libération ]
d’aujourd’hui) mais
«franco-allemande»
. La salle éclate de rire, tant le mensonge est gros. Dire, une
«idée allemande à laquelle la France s’est ralliée»
lui est manifestement impossible. Il faudra attendre trois heures du matin pour revoir le Président, lors de sa
finale.