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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Dockers en folie

C’est ce qui s’appelle se tromper de cible. Les dockers européens (entre 6200, selon la police, et 10.000 selon les organisateurs), venus manifester, lundi, à Strasbourg, contre un projet de directive  ouvrant à la concurrence les services portuaires (lire Libération  d’aujourd’hui), s’en sont violemment pris au bâtiment du Parlement européen. Jets de pierres, de boulons, heurts violents avec les forces de l’ordre. 200 m2 de façade ont volé en éclat. Les dégâts se montent, selon les dernières es
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publié le 17 janvier 2006 à 16h36
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h15)

C’est ce qui s’appelle se tromper de cible. Les dockers européens (entre 6200, selon la police, et 10.000 selon les organisateurs), venus manifester, lundi, à Strasbourg, contre un

ouvrant à la concurrence les services portuaires (lire

d’aujourd’hui), s’en sont violemment pris au bâtiment du Parlement européen. Jets de pierres, de boulons, heurts violents avec les forces de l’ordre. 200 m2 de façade ont volé en éclat. Les dégâts se montent, selon les dernières estimations à

576.000 euros
(il s’agit d’un double vitrage particulièrement épais et pas de simples vitres).

Les dockers auraient mieux fait de s'abstenir car les députés européens, pourtant majoritairement à droite, s'apprêtent à rejeter, demain, le projet qu'ils contestent (il a été effectivement massivement rejeté: voir mon papier, note du webjournaliste). Mieux : le Parlement a déjà fait capoter un précédent projet de libéralisation, en 2003, montrant ainsi sa sensibilité aux arguments des dockers. Un diplomate européen fait, au passage, remarquer, que la disposition qui a été la plus critiquée dans la première mouture du texte n'existe plus : il n'est désormais plus prévu d'autoriser les marins à débarquer eux-mêmes les marchandises mais simplement de permettre à l'armateur de faire appel à son propre personnel au sol, ce qui évite ainsi les risques de dumping social. Mais même cela les eurodéputés n'en veulent pas. « Non seulement ils n'auraient pas du callaisser le Parlement qui les défend mais en plus ils se battent contre une disposition qui, de toute façon, n'existe plus », analyse ce diplomate un rien consterné.

Les journalistes belges présents durant la manifestation n’ont pas manqué de remarquer que les

dockers du port d’Anvers

étaient venus nombreux, brandissant des drapeaux flamands et se montrant particulièrement violents. «

C’est la clientèle naturelle du Vlaams Belang, le parti d’extrême-droite nationaliste »

, raconte un journaliste flamand. Pas étonnant, dès lors, qu’ils s’en prennent au symbole de la démocratie européenne. Au passage, ces dockers énervés ont agressé des Strasbourgeois qui avaient la particularité d’être noirs. Ils n’ont pas eu le temps de faire savoir s’ils étaient ou non en faveur d’une

«concurrence libre et non faussée»

dans les ports...